HELLÈNES ET BULGARES AU Xe SIÈCLE 291 capitale à Prespa, sur une petite presqu’île et sur un îlot rocheux du lac, où l’on voit encore aujourd’hui les ruines d’une porte, de palais, d’églises. A Ochrida, situé sur le lac du même nom, « la ville aux cent ponts », la « Venise albanaise », il avait réinstallé le patriarcat national. A la faveur des troubles qui suivirent la mort mystérieuse de Tzimiscès (10 janvier 976), Samuel conquit la Bulgarie danubienne, envahit la Thessalie et emporta Larisse. Du sac de cette ville il rapporta un triple butin : pour sa capitale, les reliques de saint Achille, auquel il éleva une église dans Prespa; pour le peuplement de ses domaines, des milliers de captifs; pour lui-même, une belle Grecque, qu’il épousa. L’empire bulgare se relevait plus vaste, plus guerrier, plus redoutable à l’empire grec qu’il ne l’avait été à l’apogée du règne de Siméon. Seulement le centre s’en était déplacé de l est à l’ouest, de la plaine mésienne à la montagne albanaise, de Preslav-la-Grande à Prespa. A part Constantinople et la Grèce propre, il ne restait en Europe à l’empire romain que les villes et districts de Philippopoli, Andrinople, Salonique et la province de Dalmatie, avec Raguse, Zara, Spalato et Durazzo. VII Telle était la situation de l’hellénisme quand eut heu, après deux règnes d’empereurs-tuteurs, l’avènement définitif des deux petits-fils de Constantin Por-phyrogénète, Basile II et Constantin VIII (976). Le premier était alors âgé de seize ans et le second de