260 ÉTUDES SUR L’HISTOIRE BYZANTINE de soldats, presque tous pour solliciter de lui l’initiation à la foi du Christ. Tout ce qui avait existé de grandeur, de majesté et de prestige pendant quinze ou vingt siècles dans le monde entier s’accumulait, après la disparition de l’empereur de Rome et durant les longues éclipses de la papauté romaine, sur la tête du césar de Constantinople *. Les artistes byzantins le représentaient sur des mosaïques à fond d’or, comme un saint ou comme un dieu, une auréole entourant son front; et l’éclat de cette aui’éole, dans l’imagination des peuples prosternés, était fait de la majesté formidable des rois assyriens ou perses magnifiés dans la Bible, de la sainteté de David, de Salomon, de tous les prophètes, de tous les confesseurs et de tous les martyrs, des souvenirs imposants que rappelaient les noms de César, d’Auguste, des Flaviens et des Antonins qui avaient tenu le monde dans le creux de leur main. Toute cette puissance de grandeur réelle ou de prestige, tout ce qui subsistait de la forte organisation romaine, l’action centralisatrice d’une administration perfectionnée, le formidable appareil de la marine de guerre et des légions, le rayonnement de la propagande religieuse, était mis par l’héritier de Constantin au service de l’hellénisme, si puissant déjà par la séduction de sa langue et son éblouis-saute supériorité de civilisation. A la vérité, les sujets du souverain de Byzance se qualifiaient eux-mêmes de « Romains », et non pas d’Hellènes, nom qu’ils réservaient à leurs ancêtres 1. Voir le chapitre iv : Empereurs et Impératrices d'Orient : I, l'Empereur byzantin.