MICHEL PSELLOS 115 savant, le Photius du xic siècle. On a de lui des centaines d’opuscules sur les sujets les plus divers, une multitude de lettres, des discours, des poésies et enfin une Histoire qui affecte le caractère tout personnel de mémoires. Son prodigieux labeur littéraire, qui s’accommodait cependant d’une vie toute d’action, fait penser à Voltaire. Sans doute il y a loin du philosophe byzantin du xie siècle au philosophe parisien du xvinc : trop visible est la différence des races, des époques et des civilisations; et pourtant on saisit entre eux plus d’un point de ressemblance. Psellos comme Voltaire excellait à tourner des petits vers comme à disserter sur la physique; comme lui, il a touché à tout; il a une verve caustique, une curiosité universelle; il fut pour son siècle un penseur hardi et un philosophe singulièrement novateur. Ministre ou confident de quatre empereurs et de trois impératrices, écrivain et orateur célèbre, en relation avec tous les hommes d’État et tous les hommes d’esprit de l’époque, ses brochures, ses discours, sa correspondance, son Histoire, que j’appellerai ses « mémoires pour servir à l'histoire de son temps », constituent la source d’informations la plus considérable sur tout le mouvement politique et intellectuel du xie siècle. Ces riches matériaux étaient jusqu’à présent presque ignorés; du xvir au xixc siècle Combefis, Lequien, Dübner, Hase avaient successivement promis de publier son Histoire sans pouvoir réaliser leurs projets. M. Miller en a du moins traduit quelques fragments1, mais l’édition 1. Comptes rendus de i'Académie des inscriptions et belles-lettres, 1*67; une traduction ou réduction du récit des deux ambassades entreprises par Psellos au nom de Michel VI au camp d’isaae