18 ÉTUDES SUR L’HISTOIRE BYZANTINE délicats. A Rome, on avait vu Incitatus, le cheval de Caligula, devenir consul; Héliogabale faisait servir à ses coursiers des raisins secs d’Apamée ; Commode des dattes et des pistaches. Ce dernier empereur portait sur ses vêtements royaux la figure de Volu-cris, son cheval favori, comme nos turfistes portent à leur cravate des têtes de cheval montées en épingle; dans leurs écuries de marbre blanc, on parait ces nobles animaux de colliers de perles, on leur dorait la corne des pieds, on leur apportait, en récompense de leurs victoires, des bassins remplis de pièces d’or. Quand on voulait les préparer pour la course prochaine, on les entraînait au son des hautbois, au bruit des chants, à la lumière des flambeaux. Le sage empereur Hadrien n’était pas exempt de cette folie ; quand son bon cheval Borysthène mourut, il lui fit élever un magnifique tombeau avec une inscription élogieuse comme pour un combattant de Marathon. La Grèce antique elle-même avait cette coutume d’ériger des mausolées aux grands vainqueurs de ses courses olympiques. L’empire byzantin suivit la double tradition romaine et grecque dans ce qu’elle pouvait avoir de plus extravagant. Parmi les amateurs les plus célèbres, on cite un patriarche, un chef de l’église orthodoxe universelle, un souverain pontife de l’Orient,Théophylacte, prélat de race impériale, qui vivait au xe siècle et qui ne le cédait pas en débauches et en scandales aux papes romains de la même époque. Jean XI et Jean XII. Cet étrange pontife, oubliant les modestes traditions de ses prédécesseurs, qui ne chevauchaient que sur des ânes, en mémoire du fils de David à son entrée dans Jérusalem, nourrissait plus de mille chevaux;