66 ÉTUDES SUR L’HISTOIRE BYZANTINE forts, peuplé d’une noblesse demi-barbare et toujours en armes, était revenu à un état social assez semblable à celui qui, dans la Grèce d’Homère, donna naissance à la poésie héroïque. La découverte d’une épopée byzantine paraîtra plus surprenante. La civilisation hellénique du xc siècle semble un terrain fort défavorable à de telles productions : elles naissent ordinairement dans les sociétés simples et primitives, aux mœurs rudes et guerrières, où l’écriture est un art presque entièrement inconnu. Au contraire, la Constantinople de Léon le Philosophe et de Constantin Porphyrogénète est l’héritière de la culture grecque, alexandrine et romaine ; elle est la résidence de tout un peuple de lettrés, familiers avec les œuvres les plus raffinées du bel esprit antique, blasés sur tous les artifices de la rhétorique et de la poétique, plus enclins à goûter les pastorales de Longus ou les mièvreries anacréontiques que les grands vers d'Hésiode et d’Homère. Les écrivains de Byzance, surtout à cette époque, se bornent à dépecer les ouvrages anciens, à en faire des collections d’extraits, comme le Myriobiblion du patriarche Photius, ou les encyclopédies de l’empereur Constantin VII. Ils sont surtout des éplucheurs et des discuteurs de textes, d’admirables bibliographes. A côté d’eux, des jurisconsultes rompus à l’interprétation et à la chicane des lois, des théologiens pour lesquels l’art de disputer n’a plus de secrets, des grammairiens qui, dans Eschyle et Sophocle, se préoccupent surtout des formes d'aoristes ou d'optatifs, puis toutes les variétés de ces savants qui se rendent ......Fameux Pour savoir ce qu'ont dit les autres avant eux.