LES EXPLOITS DE DIGÉNIS AKRITAS 105 orale aurait pu négliger : il nous montre comment se maintenaient au sein des populations de l'Anatolie la flamme poétique et l’énergie créatrice, et comment dans leur vive imagination se reflétaient non seulement les anciennes traditions de l’Hellade, mais encore les mythes de la Perse, de l’Inde et de l'Arabie. Au point de vue philologique, l'importance de ce poème n’est pas moins considérable : c’est le plus ancien monument jusqu’à présent connu de la langue vulgaire; on peut y saisir la transition du grec des écoles et de l’église au grec du peuple. Les auteurs de cette publication sont déjà connus des amis de la littérature hellénique. M. Émile Le-grand a édité de curieux débris du passé grec, contes et romans, chansons d’amour et d’aventures, poèmes de cour et de chevalerie. Ses travaux forment une véritable « collection de documents pour servir à l'histoire de la langue néo-hellénique ». M. Sathas, ancien étudiant en médecine de l'université d’Athènes, s’est consacré tout entier à la recherche des documents qui se rapportent au moyen âge grec. Son histoire de la littérature nationale depuis la chute de Constantinople jusqu’à la proclamation de l’indépendance, sa Chronique de Galaxidi, où sont racontées les tentatives sans nombre des Hellènes pour secouer le joug ottoman, avaient déjà attiré sur lui l’attention des savants. Il a édité en 1867 le poème de Coronaïos en l’honneur du capitaine d'eslradiols Mercurios Bouas; c’est un document dont la place est marquée dans toute collection un peu complète des historiens de la France. Le capitaine Mercurios est un de ces chefs de soldats helléniques qui furent mêlés à toutes nos grandes guerres du xvie siècle,