134 ÉTUDES SUR L’HISTOIRE BYZANTINE pédagogue de La Fontaine, ne furent d’un grand secours aux deux malheureux. Les partisans des impératrices dépêchèrent au monastère un haut fonctionnaire accompagné de la force armée. Psellos ne le nomme pas; il garde cette prudente réserve avec tous les hommes en vue dont il raconte les actions : son histoire aurait besoin d’une clef comme celle qu’on a voulu adapter aux Caractères de La Bruyère. C’était le préfet de la ville, Campanaris. Arrachés du sanctuaire au milieu des huées de la populace, ils furent, dans la rue même, livrés au bourreau qui leur arracha les yeux. Psellos fut témoin de leur supplice. « Telle fut, ajoute-t-il, la fin de la tyrannie 1 » Zoé, à qui toutes ses expériences n’avaient pas profité, songeait déjà à se donner un nouveau maître. Du vivant de son premier mari, elle avait eu pour amant le Paphlago-nien; du vivant de celui-ci, elle avait été la maîtresse d’un noble de Byzanre, Constantin Mono-maque. Michel IV avait déporté Monomaque à l’île de Lesbos, et Michel V avait ordonné de le faire périr. Mais le bourreau avait été retardé dans sa mission par les vents contraires, et dans l’intervalle on l’avait rappelé à Constantinople pour crever les yeux à Michel V lui-même. Constantin Monomaque, qui se préparait à mourir, apprit tout à coup qu’un trône l’attendait à Constantinople. Tels étaient les jeux de l’amour et du hasard. Psellos profite de l’interrègne pour nous parler des deux impératrices. Il nous les montre assises sur le même trône, parées des ornements impériaux, entourées d’huissiers armés de verges, de porte-glaives et de soldats qui tenaient la lourde hache sur