32 ÉTUDES SUR L’HISTOIRE BYZANTINE les autres expliquaient, comme les dessins gravés sur le piédestal de notre obélisque de Louqsor, par quels procédés l’énorme aiguille de granit avait été amenée du désert, chargée sur les vaisseaux romains, érigée sur la spina : ici on voyait des ouvriers occupés à faire tourner un cabestan, là-bas une grue gigantesque semblait gémir sous le poids du monument qu’elle était chargée de soulever de terre; mais ce qui intriguait le plus les Byzantins, c’étaient ces hiéroglyphes gravés dans le granit, ces bizarres figures de divinités animales et de signes sidéraux. Absolument incapables de les déchiffrer, ils avaient fini par y voir des caractères cabalistiques, et d’impudents magiciens y lisaient couramment les plus étranges prédictions. Au sud et sur la même ligne que l’obélisque d’Égypte, 011 voyait une sorte de pyramide ou d’obélisque en maçonnerie. Cet obélisque était autrefois revêtu de plaques de bronze, et l’on pouvait y lire une inscription annonçant que l’empereur Constantin Porphyrogénète avait fait restaurer cette « merveille rivale du colosse de Rhodes, ce prodige au quadruple flanc ». Inscriptions et plaques de bronze doré ont disparu; ce sont sans doute les Francs de la quatrième croisade, les compagnons de Dandolo et de Villehardouin, les fondateurs de l’empire latin, qui les ont prises pour des lingots d’or; la solidité de l’édifice en est singulièrement affectée, tous les voyageurs lui prédisent un écroulement prochain, et suivant l’expression d’un Byzantin de nos jours, le patriarche Constantios, « ce n’est plus qu’un squelette nu et désolé ». Entre les deux obélisques s’élève la fameuse colonne serpentine, formée de trois serpents enrou-