40 ÉTUDES SUR L’HISTOIRE BYZANTINE tège des émirs prisonniers, des chariots chargés de dépouilles, des enseignes, des queues de cheval surmontées du croissant, des machines enlevées à l’ennemi. A un signal donné, les prisonniers étaient forcés de se prosterner dans le sable; les soldats byzantins renversaient dans la poussière les étendards musulmans, le prince foulait de son brodequin de pourpre brodé d’aigles d’or la tète rasée des émirs captifs. Alors sur les gradins des factions, au son des orgues d’argent, éclataient les hosannas et les chants de victoire : « Gloire à Dieu qui a triomphé des Agarènes ! gloire à Dieu qui a détruit les villes des Arabes ! gloire à Dieu qui a confondu les détracteurs de la Vierge, mère du ChristI » Cependant l'implacable cruauté n’était guère dans le caractère byzantin. On traitait humainement ceux qu’on humiliait et, après cet abaissement de l’islamisme dans la personne des prisonniers, l’empereur les autorisait à s’asseoir aussi sur les gradins pour contempler les courses de chars. Ce n’étaient pas les Romains chrétiens d’Orient qui auraient jeté le Ver-cingétorix gaulois dans le Tullianum pour le livrer, après six ans de captivité, à la hache du licteur. Ils n’avaient plus la froide cruauté du premier des césars, ni son génie. Dans l’hippodrome byzantin, il y avait encore des tribunaux où se pressaient les plaideurs, et la fronde ou la coupe du cirque était le lieu marqué pour l’exécution des sentences criminelles, la place de Grève de Constantinople ; c’était dans ce lieu, qui semblait consacré exclusivement à la joie, que le bourreau imprimait le fer rouge sur la chair des condamnés, qu’il brûlait les yeux, coupait les nez ou