l’hippodrome a CONSTANTINOPLE 27 d’or, revêtue d’étoffes brochées d’or et d’une raideur métallique, parée d’une sorte de manteau pontifical qui rappelait la chasuble des prêtres grecs, la tête ceinte d’une couronne enrichie de pierreries et garnie de pendeloques, qui venaient battre ses deux joues, tombaient sur son sein, et, se rejoignant sous son menton, faisaient à son visage un encadrement d’or et de diamants. Elle était immobile, muette, impassible, parée et enchâssée d’or comme une idole de l’Hindoustan ou comme une madone byzantine ; on ne pouvait introduire auprès d’elle, au moins dans les cérémonies publiques, que des femmes, celles des grands fonctionnaires de l’empire. Dans cette étrange cour de femmes, sorte de harem chrétien, des eunuques faisaient l’office de duègnes ou de chaperons; mais dans cette solennelle pruderie il y avait une forte dose d’hypocrisie. Au fond, le diable n’y perdait rien, et quand les chroniqueurs byzantins veulent bien se relâcher de leur sèche et ennuyeuse réserve, ils nous laissent enti’evoir de piquantes intrigues dont le récit n’eût point déparé le Décamèron. Toutefois cet appareil presque pontifical et monacal en imposait au vulgaire, obligeait l'auguslci elle-même à se bien tenir en public. Ce n’était point là une précaution inutile : beaucoup de ces impératrices n’étaient point issues de la fine fleur de la société grecque ; les hasards des révolutions, qui amenaient tour à tour sur le trône éphémère tantôt un paysan comme Justin Ier, tantôt un grossier centurion comme Phocas, tantôt un palefrenier comme Michel Ier ou Basile le Grand, mettaient également d’étranges impératrices à la tête de l’aristocratie féminine de Byzance. La