30 ÉTUDES SUR L’HISTOIRE BYZANTINE marbre pour la construction des sérails et des mosquées. La partie en hémicycle de ces gradins, la partie curviligne opposée au palais de la tribune impériale, s’appelait d’un nom assez pittoresque, la fronde ou la coupe. Des gradins, on pouvait descendre dans l’arène au moyen de couloirs; mais ces couloirs se terminaient à l’extrémité inférieure par des balustrades ou des portes grillées; on ne pouvait permettre, en effet, à des spectateurs aussi impressionnables, aussi irritables que ces méridionaux de l’Orient, de descendre à volonté sur l’arène. Un partisan enragé des verts était capable de tout pour empêcher un cocher bleu d’arriver le premier. Primitivement il y avait eu le long de ces balustrades un assez large fossé rempli d’eau, une espèce de petit fleuve circulant tout autour de l'hippodrome, qu’on appelait l’Euripe, et qui, dans les idées de la Rome païenne, était consacré au dieu Océan. En effet, comme l’Océan, il entourait complètement la terre sèche. Il servait à protéger les spectateurs contre les bonds des animaux féroces qu’on exposait parfois dans l’arène ; il servait aussi à préserver la piste des envahissements de la multitude; enfin, de temps à autre, on y faisait au peuple romain des exhibitions de phoques, de crocodiles ou d’hippopotames. Quand l’empire appauvri n’eut plus le moyen de faire venir des lions d’Afrique et des amphibies d’Égypte, l’Euripe disparut; le nom seul en subsista, et ne fit plus que désigner la portion de l’arène la plus rapprochée des gradins, celle où se tenaient, un bâton à la main, les cursores, sortes de tchaous ou de policemen chargés de contenir les spectateurs. En haut des gradins régnait un vaste promenoir orné