234 ÉTUDES SUR L'HISTOIRE BYZANTINE persuader que l’impératrice, âgée do cinquante ans au moment de son mariage, fût impropre à lui donner des héritiers, et il travaillait ardemment à obtenir ce résultat. Môme il usait de certaines drogues, obligeait sa femme à porter certaines amulettes qui pouvaient contribuer à la rendre féconde, l’impératrice se prêtant à tout avec la plus grande complaisance et ne répugnant pas aux formules magiques et aux incantations. Rien n’y fit, et, voyant qu’il ne pouvait réaliser ses vœux, n’étant guère d’ailleurs de complexion amoureuse, — l’âge contribuant encore à amortir ses feux, — et n’ayant jamais eu pour sa femme un goût très vif, Romain se prit à la négliger de plus en plus. Quelques années se passèrent; et, tandis que son éloignement augmentait pour l’impératrice, celle-ci, qui était d’un tempérament ardent et qui s’irritait d’être dédaignée, prit en haine son époux. Or Romain avait en son particulier un eunuque nommé Jean. Le frère de celui-ci, Michel, avait reçu de la nature une beauté ravissante. A la prière de Jean, le Basi-leus avait admis Michel parmi les serviteurs de sa chambre à coucher. La Basilissa s’éprit d’un amour très vif pour celui-ci, et la vue quotidienne de sa beauté l’enflammait d’une ardeur croissante. Auparavant elle haïssait l’eunuque Jean ; maintenant elle le faisait venir à chaque instant, s’entretenait familièrement avec lui, l’accablant de questions sur son frère Michel. Comme cela se répétait souvent, l’eunuque, en homme avisé, comprit qu’elle était amoureuse de son frère. Il engagea celui-ci à la voir et, si elle lui faisait des avances, h ne pas craindre de la caresser, de l’embrasser et de l’étreindre. Que vous dirai-je de plus? Les deux amants en vinrent au fait, et les choses allèrent si loin que la passion de cette femme ne fut plus un mystère pour personne : on s’en entretenait non seulement dans le palais, mais dans les carrefours de Constantinople. L’empereur était seul à l’ignorer. Quand Romain était couché dans le même lit que l’impératrice, il ordonnait à Michel de chatouiller ses pieds à lui ; mais qui croira qu’il ne touchait pas aux pieds de l’impératrice? L’empereur se faisait ainsi le complaisant et le concubin de leurs amours. A la fin, sa sœur Pulchérie