208 ÉTUDES SUR L'HISTOIRE BYZANTINE d’or et de gemmes. Ainsi immobilisé, emmailloté, étouffé, écrasé sous ce lourd et splendide appareil, le Basileus, assis roide sur le trône de Salomon, les mains occupées par les insignes impériaux, ne peut faire un mouvement ; il s’offre aux hommages des courtisans et à la piété du peuple dans une sorte d’immobilité hiératique, comme une idole d’Orient, parmi les flots d’encens et les chants d’église. Une étiquette plus rigide que ses vêtements, fixée dans les plus infimes détails par le Livre des cérémonies, l’emprisonne plus étroitement encore. Elle lui dicte l’emploi de chaque jour de l’année, de chaque minute de la journée. Elle prescrit la forme de la couronne ou du vêtement qu’il doit porter dans chaque cérémonie. Ses changements de costume sont aussi fréquents que ceux du patriarche officiant en grande pompe à Sainte-Sophie. Tantôt, il portera le diadème impérial, et tantôt la krinonia, décorée de lis en l’honneur de la Vierge. Il couvrira ses épaules tantôt du sagion et tantôt du tsilsakion, du dibétésion ou du scaramangion aux fourrures précieuses. Il se chaussera des brodequins de pourpre ou des sandales dorées. Tous ces changements s’opèrent derrière un voile tendu par des eunuques et par la main de ceux-ci ; car personne autre qu’eux ne peut mettre la main à cette toilette sacrée. Quand l’empereur s’agenouille pour la communion, deux ostiaires (huissiers eunuques) relèvent des deux côtés son vêtement sacerdotal, comme cela se pratique pour les agenouillements du prêtre officiant. Ces draperies, ces couronnes, qui participent à la sainteté des cérémonies dont elles relèvent l’éclat, ne sont pas déposées ensuite dans une garde-robe profane; on les