HELLÈNES ET BULGARES AU Xe SIÈCLE 261 païens. Ils avaient comme perdu la conscience de leur nationalité réelle. Pendant longtemps, ils avaient admis que le latin fût la langue officielle ; encore sous Justinien les grandes compilations de droit furent rédigées en latin; mais c’est à partir de ce moment que les lois nouvelles (les Novelles) furent promulguées en grec; que sur les monnaies des empereurs les caractères grecs se substituèrent aux latins *. Bientôt, dans la longue liste des dignités byzantines, les vocables grecs tendent à réduire la place occupée par les antiques appellations romaines. Le souverain oublie ses titres d'Imperator, de César et à'Auguste pour adopter ceux de Basi-leus et d'Autocrator. L’empire d’Orient s’intitule toujours l’empire romain; mais c’est un empire de langue hellénique. C’est à l’hellénisme que l’on convertit les groupes de colons transportés en Europe de provinces lointaines, les recrues étrangères qui commencent à affluer dans les légions, les aventuriers latins, germains, scandinaves, arméniens, arabes ou turcs qui sont venus chercher fortune à Byzance et s’y sont élevés aux premières charges civiles ou militaires. Tous ces groupes se sont si rapidement assimilés qu’ils en arrivent à donner des empereurs au monde hellénique : presque au début, toute une dynastie slave, dont les fondateurs sont deux paysans, Islok (la Source) et Oupravda (la Vérité ou le Droit), qui seront les empereurs Justin Ier et Justinien le Législateur (le nom romain de celui-ci étant presque une traduction de [1. C’est surtout à partir du vu” siècle que s’accomplit cette transformation.]