286 ÉTUDES SUR L’HISTOIRE BYZANTINE maison régnante de Bulgarie et l’influence qu’y pouvait exercer cette fille d’empereur livrée comme un otage aux barbares. « Plus d’une fois, dit un chroniqueur byzantin, Irène vint de Bulgarie à la Ville visiter son père et son aïeul ; la dernière fois, elle fit le voyage avec ses trois enfants. » En Bulgarie même, elle dut être une protectrice pour les milliers de sujets grecs, artistes ou gens de métier, que les Krum et les Siméon, après le sac des villes romaines, avaient transplantés dans les bourgades de la Mésie. Elle dut contribuer à un nouvel essor de la littérature bulgare, presque tout entière empruntée ou compilée de la grecque : c’est vers cette époque qu’aux rédactions de caractère ecclésiastique qu’avaient encouragées Siméon s’ajoutèrent les œuvres d’un caractère laïque telles que la traduction du Roman d'Alexandre le Grand, du Roman de Troie, des contes sur Barlaam et Josaphat, sur le Tsar Sinagrit et Akir le Sage, sur Salomon et Kitoit ras (le Centaure), sur Hélène la Belle, qui plus tard passèrent du bulgare dans la littérature naissante de la Russie. Toutefois, sous le vernis de culture hellénique, subsistait dans toute sa rudesse la Bulgarie primitive. Quand, sous l’empereur Tzimiscès, deux princesses issues de la tsarine Irène vinrent pour épouser les petits-fils de Constantin Porphyrogénète, ce ne fut pas sur quelque véhicule d’élégante fabrique byzantine, mais sur un char à l’antique mode scythique, aux roues de bois pleines et aux essieux grinçants, comme les arabas d’aujourd’hui, que lesparanymphes les amenèrent à Constantinople. Dans la Bulgarie, riche en moissons et en troupeaux, la vie devait être