MICHEL PSELLOS 141 acharnée. On harcelait de calomnies les ministres réformateurs, on tournait en ridicule leurs défauts corporels. On n’appelait Byzantios que Mavropous (aux pieds noirs); Likhoudis était Lycoudias (fils de la louve); on se moquait du nez de vautour de Psellos. Celui-ci, comme le plus jeune des quatre ministres, se chargea de répondre. Un certain Ophrys avait attaqué Xiphilin : Psellos le traita « de petit vieux sans jugement et de polisson sans importance ». Avec ses adversaires il ne voulut pas être en reste, même de grossièreté. Qu’on en juge par cette épigramme : « Les grenouilles coassent, mais dans le marais; — les chiens aboient, mais de loin; — les escarbots s’ébattent, mais dans les fientes; — n’est-il pas étonnant que des pierres parlent — et que des bûches donnent la réplique aux grenouilles1? » Toutefois cette polémique de halles faisait scandale et l'empereur, après en avoir ri, commençait à s’en inquiéter. Dans un de ses discours apologétiques, Psellos fait retraite en bon ordre, et fièrement encore propose la paix à ses ennemis : Si vous m’attaquez, soyez certains qu’il vous en cuira plus qu’à moi. Je ne prendrai même pas la peine de vous répondre; je resterai debout et impassible, je poursuivrai mon chemin sans me détourner, sans regarder ni à droite ni à gauche; vous êtes sur mes talons à croasser, comme ces corbeaux bavards qui voulaient imposer silence à Pindare, comme des rats des champs qui prétendent assaillir un aigle; mais moi je m’élèverai et je planerai toujours plus haut, et vous n’aurez d’autre refuge que vos trous à rats.... Réfléchissez! Pour parler un langage allégorique, vous m’avez défié à la course et je vous ai devancés; au pugilat, et mon poing s’est trouvé le plus lourd ; au jet du disque, et 1. Fabricii Bibliolheca graeca, X, 94.