192 ÉTUDES SUR L’HISTOIRE BYZANTINE Comnène fut battu par Robert Guiscard, sa fille nous apprend qu’il fut chansonnédans toute la ville; partout on répétait le mot de son ennemi • « Je l’ai amené dans la gueule du lion ». — Quand la goutte empêchait ce môme Alexis de marcher contre les Turcs, dans tous les cabarets et dans tous les salons de la ville, on mettait la chose en comédie : les uns se déguisaient en médecins complaisants, d’autres en courtisans qui se confondaient en génuflexions, celui-ci en empereur qu’on portait doucement dans une litière, ceux-là en barbares qui, en son absence, faisaient le diable à quatre. Byzance avait sa comédie politique et ses soties comme l’Athènes d’Aristophane, comme le Paris des confrères de la Basoche. Même les libellistes ne respectaient pas ce que le bon Louis XII entendait qu’on respectât : « l’honneur des dames ». Que de chansons n’a-t-on pas faites contre Théodora, la femme de Justinien! L’écho en est venu jusqu’à M. Sardou. Le prince était bien obligé de compter avec le peuple, avec la plèbe. S’il quittait sa capitale pour se rendre à l’armée, il faisait ses recommandations au préfet de la ville. Celui-ci devait : 1° s’assurer que le blé ne manquerait pas, car rien comme la disette ne dispose aux émeutes; 2° surveiller ces nouvellistes qu’Anne Comnène nous représente, comme ceux de La Bruyère, discutant les plans de campagne, indiquant les manoeuvres à faire contre l’ennemi, plaçant ici les auxiliaires dalmates et là les mercenaires albanais, bloquant les places et jetant des ponts sur les rivières; 3° punir ceux qui répandaient les mauvaises nouvelles, démentir celles-ci dans des proclamations au peuple annon-