188 ÉTUDES SUR L’HISTOIRE BYZANTINE Ghilpéric. Du reste, n’a-t-on pas dit des rois et des reines de la Grande-Bretagne qu’ils peuvent tout, excepté changer en homme une femme? A côté de ces théories absolutistes, on est tout étonné de retrouver dans les écrivains byzantins les vieux mots classiques de liberté, d’esclavage, de tyrannie. Ils continuent à parler le langage de Dé-mosthône et de Cicéron. Les empereurs eux-mêmes ne font nulle difficulté d’en user. Justinien changeait le nom du Pontus Polemoniacus, parce que Polé-mon avait été « un tyran ». Après la reconquête de l’Afrique, il félicitait en ces termes ses nouveaux sujets : « Ils doivent savoir de quelle dure servitude ils ont été affranchis et de quelle liberté ils ont été dotés sous notre heureux empire ». Mais qui ne voit que tous ces vocables ont changé de sens? La barbarie, avec sa liberté anarchique, voilà l’esclavage; les institutions romaines, despotiques, mais nationales, voilà la liberté. Hors de la romanité, hors de l’empire, il n’y a que servitude et abjection. C’est ce que fait très bien entendre ce passage de Lydus : « Il est contraire à la liberté romaine d’avoir un maître : les Romains ne doivent obéir qu’à un Basi-leus ». — Michel II, marchant contre l’usurpateur Thomas, exhorte ses soldats « à être des hommes, à ne pas prostituer à un exécrable tyran leur liberté ». Théophile, quand il obligeait ses sujets à se raser la tête, se proposait de « restaurer chez les Romains la vertu de leurs ancêtres » ; c’est avec la sanction du fouet qu’il travaillait à réaliser cette libérale pensée, sans crainte de voir un Brut.us sortir do ce retour à la coiffure républicaine, Byzance continuait à avoir son sénat, ses consuls,