70 ÉTUDES SUR L’HISTOIRE BYZANTINE guerre était donc partout. Souvent on ne s’y défendait contre les barbares qu’en les recevant, en les colonisant sur les terres de la monarchie, qui, dès lors, perdaient leur caractère hellénique et échappaient à l’influence intellectuelle de Byzance. De toutes ces frontières, la plus souvent assaillie peut-être était celle de l’Orient. Ces lignes de l’Euphrate et du Tigre pour lesquelles avaient combattu les grands empereurs romains, les Trajan, les Probus, les Julien, l’armée byzantine essayait de s’y maintenir ou de les recouvrer. Aux Perses qu’ayait victorieusement combattus Héraclius succédèrent les Arabes, ses vainqueurs. Au Xe siècle, il y avait déjà trois cents années qu’on luttait contre eux. Sarrasins et Byzantins se combattaient presque à force égale, et, bien que la guerre fût continuelle, les limites se déplaçaient fort peu. C’est que les Arabes, comme avant eux les Perses, n’étaient point des barbares. Ils opposaient aux Grecs, non des hordes tumultuaires qui du premier élan se répandaient sur tout l’empire et qui succombaient ensuite devant sa force renouvelée, mais bien des troupes régulières, des légions disciplinées, qui avaient presque les mêmes armes offensives, les mêmes armures, la même tactique, les mêmes principes de fortification et de castramétation que les Byzantins. Eux aussi étaient, quoique indirectement, les héritiers du vieil art militaire des Romains. Il en résultait qu’à chaque campagne on se bornait ordinairement à livrer quelque combat, à emporter quelque forteresse. A moins que l’un des deux états ne fût profondément ébranlé par quelque révolution