HELLÈNES ET BULGARES AU Xe SIÈCLE 263 Tout ce travail s’opérait au profit de la race hellénique, qui cependant, dans les provinces d’Europe comme dans celles d’Asie, était dans le môme état d’infériorité numérique que dans l’antiquité ou dans l’âge contemporain. Même aujourd’hui, le nom de « Romains » se perpétue dans la Roumélie, quoiqu’elle soit devenue presque entièrement bulgare, et dans le « pays de Roum », quoique l’Asie Mineure soit devenue presque entièrement turque. Tandis que la Rome italienne n’a régné sur le monde occidental que pendant cinq ou six siècles, la Rome byzantine survécut à celle-là pendant près de mille ans, qu’elle put employer à consolider sur l’Europe orientale la prépondérance de l’hellénisme. Les Grecs avaient pris ainsi une telle avance sur toutes les races rivales qu’il semblait impossible qu’aucune d’elles pût jamais lui disputer la suprématie. C’est pourtant ce qui se produisit; sur leur propre domaine ethnographique et politique, le droit à l’empire, le droit même à l’existence leur furent âprement contestés. II Si l’on examine aujourd’hui une carte ethnographique de la péninsule des Balkans, même en assignant à celle-ci pour limites le Danube et la Save, au lieu d’une teinte uniforme consacrant le triomphe de l’hellénisne, on a sous les yeux la plus étrange bigarrure. Négligeons la teinte qui révèle la présence d’une population turque attestant la conquête ottomane de 1453. Les populations helléniques se présentent à nous en deux masses principales : l’une