HELLÈNES ET BULGARES AU Xe SIÈCLE 283 rent à civiliser leurs peuples; presque chaque nation européenne honore l’un deux comme son premier initiateur : saint Vladimir de Russie, saint Étienne de Hongrie, Clovis ou Charlemagne chez les Francs. Sous le tsar Siméon, la civilisation intellectuelle de Byzance dut pénétrer assez profondément la Bulgarie. Comme son savant confrère de Constantinople, Constantin Porphyrogénète, Siméon avait le goût des lettres; il s’entoura d’une cour de beaux esprits; il encouragea les plus instruits de ses sujets à composer des traductions, des adaptations, des anthologies de la littérature byzantine. Il faisait traduire en bulgare, par le pope Grégoire, la Chronique de Malalas; par l’évêque Constantin, les Discours de saint Athanase contre les Ariens; il se laissait dédier par Jean l'Exarque son Explication des Évangiles et son Tableau de la Création ou VŒuvre des Six Jours. Il patronnait une vaste compilation des Pères de l’Église. Les disciples de Cyrille et Méthode, chassés de la Grande Moravie par l’invasion magyare, lui apportaient de précieux manuscrits ou composaient pour lui des ouvrages, comme les sermons, panégyriques et Vies des Saints, par Clément; la Vie de saint Méthode, par Gorazd; VInvention des Lettres slaves, par le moine Chrabr. Lui-môme aspirait à la gloire littéraire : il écrivit le Flot d’Or, anthologie de saint Jean Chrysostome. Ses flatteurs le comparaient à « une délicate abeille qui butinait le suc de toutes les fleurs pour le répandre sur ses boïars ». Siméon avait installé sa capitale à Preslav-la-Grande, autrefois Marcianopolis, aujourd’hui Eski-Stamboul, naguère encore misérable village de trois