EMPEREURS ET IMPÉRATRICES D’ORIENT 181 L'Empire était une institution cosmopolite, comme furent le Saint-Siège et le Sacré-Collège pendant toute la durée du moyen âge. C’était non la nationalité, mais la foi qui faisait le « Romain » de Byzance. De quelque race qu’on fût issu, il suffisait d’entrer dans le giron de l’Église pour entrer dans celui de 1 État. Le baptême orthodoxe conférait le droit de cité. La Byzance chrétienne présentait, parmi tant d’autres, ce point de ressemblance avec la Byzance musulmane. On devenait « Romain » en embrassant le christianisme comme plus tard on devint Turc en professant l’Islam. Combien de grands-vizirs ou de pachas ottomans furent de naissance grecque, albanaise ou slave! L'empereur byzantin procédait de quatre origines distinctes. De par la tradition, il était le successeur direct des Césars romains, Ylmperator, le chef militaire, et en même temps le législateur, la loi vivante. Grâce à la substitution des Hellènes aux Latins comme race dirigeante, il était devenu le Basileus, c'est-à-dire le chef de l’hellénisme. Sous l’influence toujours croissante des idées et des moeurs de l’Asie, son pouvoir avait pris la forme despotique : il était le Maître (despotès), l’Autocrate (autocrator), un homme de palais et de harem. Après le triomphe définitif du christianisme, il fut 1 'Isapostolos (semblable aux apôtres), comme le pontife de Rome s’appelle, dans nos vieux auteurs français, Vapostole; il était, en effet, l’apôtre armé, et, suivant l’expression du grand Constantin, Y évêque des choses du dehors. Il était, concurremment avec le patriarche, le chef suprême de la religion orthodoxe. En Orientaussi le patriarche çt 1 empereur, ce sont les « deux moitiés de Dieu ».