50 ÉTUDES SUR L’HISTOIRE BYZANTINE toutefois avec cette réserve que les honneurs impériaux lui seraient rendus par derrière. Voilà pourquoi durant plusieurs siècles le peuple de Byzance poussait des exclamations ironiques et se livrait à de grotesques génuflexions devant le descendant du cordonnier de Justinien, tandis que l’autocrator, dans sa loge impériale, s’abandonnait à la mesure de gaîté que pouvaient lui permettre les lois de l’inflexible cérémonial. V Lorsque le jour marqué pour une solennité hippo-dromique approche, tout Constantinople est en émoi. Les factions complètent leur organisation, passent la revue de leur matériel. Les étrangers affluent dans la capitale. La veille du grand jour, un messager impérial, le tesséraire, se rend à l’hippodrome, ordonne de « suspendre le vélum » au-dessus de la tribune impériale : c’est une manière d’annoncer la solennité; l’heureux messager est salué par les acclamations d’une multitude qui a déjà envahi le cirque, et qui se propose bien d’y passer la nuit pour avoir une meilleure place le lendemain. Tout le personnel de l’hippodrome est sur pied; on éprouve si les barrières sont assez solides pour arrêter les chevaux jusqu’au signal donné, on fait sortir de l’écurie les coursiers avec leurs harnais dorés, on compare la légèreté et la solidité des chars; on prépare les urnes pour tirer au sort la place des concurrents et déterminer qui aura le bonheur de tenir la corde, c’est-à-dire d’être le plus