EMPEREURS ET IMPÉRATRICES D’ORIENT 217 Elle avait jeté les yeux sur Tibère, auquel elle voulait offrir la couronne avec sa main. Par malheur, quand Tibère eut été proclamé, l’Augusta apprit qu’il était déjà marié. Elle parut se résigner, obtint qu’on lui laissât les honneurs impériaux avec la jouissance d’un palais; mais ensuite elle complota contre l’ingrat et fut réduite à la vie privée. Une fille de ce même Tibère, à la mort de son père, assura la couronne à Maurice. Elle vit, après l’usurpation de Phocas, son mari et ses cinq fils égorgés; elle-même, avec ses filles, fut jetée dans un couvent; accusées de conspirer contre le tyran, elles furent torturées et mises à mort. Héraclius, qui vengea sur Phocas le meurtre de Maurice et de tous les siens, subit l’influence de sa mère Epiphania. Il eut successivement deux femmes; l’une, Eudokia, qui mourut en lui laissant une fille et un fils appelé Constantin le jeune ; l’autre, Martina, qui était sa cousine germaine par sa mère, et qui joua un grand rôle. Elle fut une marâtre pour les enfants du premier lit, fit couronner, du vivant de son mari, son fils Héracléonas. Celui-ci était difforme, comme ses frères, étant tous nés d’un mariage incestueux suivant les lois de l’église grecque. Martina fut cependant obligée d’exécuter le testament de son mari, qui léguait l’empire conjointement à Constantin le Jeune et Héracléonas. Le premier ne tarda pas à mourir et, sous le nom du second, elle prétendit exercer directement le pouvoir. Les sénateurs s’indignaient d’obéir à une femme qu’ils auraient voulu voir se renfermer dans le gynécée. Le généralissime des armées d’Asie accusa Martina d’avoir empoisonné son beau-fils, et, au