224 ÉTUDES SUR L’HISTOIRE BYZANTINE énergie, proscrivent les troisièmes noces et les flétrissent : « Les brutes elles-mêmes, quand elles ont perdu leur femelle, se résignent au veuvage, à la différence des hommes qui, sans pudeur, procèdent à un second mariage et qui, non contents de ce péché, passent du second mariage à un troisième ». Or, si l’Église grecque a fait une sainte de Théophano, la première femme de Léon VI, c’est apparemment pour récompenser la résignation avec laquelle elle supporta les désordres de son mari. Quand elle mourut, l’austère législateur, après l’avoir pieusement ensevelie et avoir allumé autour de ses reliques un millier de cierges, s’empressa d’épouser Zoé, fille de Stylianos, avec laquelle il vivait depuis longtemps en état de concubinage. Zoé morte, il convola en troisièmes noces et épousa une certaine Eudokia. Enfin, veuf pour la troisième fois, il prit pour maîtresse Zoé Carbonopsina, et, quand elle fut mère d’un enfant mâle, en fit une Augusta. Celle-ci, devenue la tutrice de son fils Constantin VII, paraît avoir été d’une conduite irréprochable. Il en fut de même pour Hélène, l’épouse de ce savant empereur. Mais avec le fils de celui-ci, le futur Romain II, la chronique du harem s’enrichit de nouvelles histoires. Ce sont précisément celles que nous raconte M. Schlumberger. Ce Romain, étant encore très jeune, avait été fiancé avec Berthe, fille naturelle d’Hugues, roi d’Italie. La jeune Italienne entra dans le gynécée impérial, mais mourut avant que le mariage eût pu être célébré. Le père et la mère de Romain autorisèrent alors son union avec une certaine Théophano, que Léon le Diacre déclare la plus