HELLÈNES ET BULGARES AU Xe SIÈCLE 277
riques. Sur les pentes de l’âpre Taygète de Laconie se sont maintenues pendant des siècles deux belliqueuses tribus, les Ézérites (ozéro, lac ou marais) et les Milinges, que la Chronique de Morée, au xive siècle, qualifie de Slaves. Est-il donc étonnant qu’un Basileus du x’ siècle, Constantin Porphyrogénète, dans son livre sur les Thèmes ou Provinces, stupéfait de la transformation qui s’était opérée dans son empire, se soit écrié : « ’EaOXaëwO-ri irâca ywpa; tout le Péloponèse est devenu Slave ! »
  Si les Slavinies du Nord, établies en Mésie, en Thrace, autour de Salonique et en Macédoine, avaient été les éléments dont se forma l’empire de Bulgarie, n’était-il pas à craindre que les Slavinies de la Thessalie, de la Béotie, de l’Attique et du Péloponèse ne gravitassent vers le même centre d’attraction et que, par elles, le royaume des Krum, des Boris et des Siméon ne s’étendît jusqu’au Taygète et au cap Ténare? A la vérité, dès le temps de l’empereur Basile le Grand, l'action politique et religieuse de Byzance avait commencé à s’exercer parmi ces tribus païennes; de gré ou de force, au moins celles de la plaine furent soumises à la perception du tribut et à l’autorité des stratèges (gouverneurs); presque toutes, sans renoncer à certaines superstitions apportées des pays du Nord, avaient dû abjurer les dieux paternels, Voloss ou Péroun, confesser la foi du Christ et subir l’autorité des évêques et des monastères helléniques. Mais la Bulgarie elle-même, pour être devenue chrétienne orthodoxe, en était-elle moins l'ennemie de l’empire? Oui pouvait affirmer que les Slavinies baptisées eussent oublié leurs liens de race et de langage avec