L’HIPPODROME a CONSTANTINOPLE 01 bares les retravaillaient à leur goût : on les creusait pour en faire des pétrins de boulanger! « Ce qui mettait le comble à ma douleur, c’était la vue d’une médaille que je venais de ramasser : on voyait d’un côté Bélisaire triomphant dans l’hippodrome du roi des Vandales et Justinien qui accueillait le triomphateur, de l’autre l’effigie de Bélisaire avec cette légende, à laquelle la vue de cette désolation donnait un sens cruellement ironique : Gloria Romanorum! » Aujourd’hui on voit, sur une des places de Stamboul, deux grands obélisques qui sont là on ne sait pas bien pourquoi, et un petit monument de bronze à demi engagé dans des décombres. Le sol est grossièrement nivelé; mais on se prend à songer aux Hercules de bronze, aux Hélènes de marbre blanc, dont les débris sont peut-être enfouis là. C’est tout ce qui reste de l’hippodrome, c’est tout ce qui reste des grandes luttes des verts et des bleus, de ce qui, pendant six cents ans, passionna jusqu’à la démence la plus grande et la plus civilisée des sociétés du moyen âge.