HELLÈNES ET BULGARES AU X« SIÈCLE 273 sort de l’Europe orientale eût été modifié profondément, au grand profit de l’humanité tout entière. Mais l’année môme qui précéda celle de la descente des Turcs à Gallipoli, Etienne Douchan, campé avec un matériel de siège sous les murs de Constantinople, périt de mort subite (20 décembre 1355). On dit que ses vo'iévodes s’écrièrent : « A qui l’Empire? » Cette question s’était bien souvent posée dans les siècles qui précédèrent cette période si courte de la puissance des Serbes : jamais, jusqu’alors, cette vaillante race n’avait été en état de la résoudre à son profit. Un seul jour l’occasion s’en offrit à elle ; mais ce jour n’eut pas de lendemain. Les vrais compétiteurs à l’empire, dans cette lutte séculaire, avaient été la race grecque et la race bulgare. Plus d’une fois le destin sembla pencher en faveur de celle-ci. Plus d’une fois, à défaut de l’hellénisme défaillant, elle parut capable d’opposer aux ennemis de la foi orthodoxe « une vraie nation et une vraie armée ». Pas plus que la Serbie, elle ne parvint à accomplir sa tâche jusqu’au bout. La race grecque, retranchée dans la plus puissante forteresse continentale et maritime qu’ait connue le moyen âge, fit tête obstinément. Même lorsque tantôt toutes les provinces d’Europe, tantôt toutes celles d’Asie lui échappaient, elle garda Constantinople, qui lui permit, l’orage passé, de reconquérir les provinces. Après chacune de ces crises, la Ville, de son indestructible énergie, refaisait l’empire. De nouveau rayonnait d’elle sur le monde la splendeur de l’hellénisme. Ces hautes murailles de Byzance, que n’avaient pu forcer ni les Huns, ni les Avars, ni les Perses, ni les Arabes, au pied desquelles, avec le ÉTUDES SUR L'HISTOIRE BYZANTINE. 18