166 ÉTUDES sua L’HISTOIRE BYZANTINE de son temps, mais il se distinguait de ses contemporains par de plus hautes aspirations. Malgré toutes les bassesses et les palinodies que nous avons à lui reprocher, il fut un patriote; il était réellement, comme il s’en vante dans ses Mémoires, philopatris ou philoromaïos; ou plutôt il n’était pas un Bomaïos, un Gréco-Romain, un Byzantin : il était véritablement un Hellène. Par-delà tout le moyen âge, il remontait aux nobles origines de la race déchue. Il fut le dernier des Grecs anciens ou, si l’on veut, le premier des Grecs modernes. La vieille Hellade avait subi d’étranges transformations : la race s’était altérée par l’établissement de colonies slaves, dans le Péloponèse, la Boétie, l’Attique. Un empereur du x' siècle, suspect d’ailleurs de peu de sympathie pour la Grèce, portait sur elle cette sentence de mort : « Elle s’est tout entière slavisée ». C’est de cette sentence qu’appelle Psellos. Malgré l’introduction d’éléments slaves, turcs, valaques, il reconnaît cependant la Hellade de Périclès et de Philopoemen. Peut-être lui en impose-t-elle grâce à l’éloignement, peut-être n’a-t-il pas vu d’assez près les misères et les ruines de ce pays. Les fonctionnaires s’empressent de décliner toute nomination dans la province de Grèce, ou bien, à peine nommés, se hâtent de solliciter leur changement. L’intendant d’Athènes, écrit Psellos, ne fait que d’arriver dans cette Grèce jadis si fameuse, et déjà il se lamente sur sa destinée comme si on l’eût exilé dans quelque Scythie. Ni le Portique bigarré de peintures, ni l’Académie, ni le Pirée ne charment son àme; mais l’humeur bigarrée des Athéniens lui fait mener une vie bigarrée comme le Pœcile, et ce pauvre homme, qui n’est point comme nous un fami-