190 ÉTUDES SUR L’HISTOIRE BYZANTINE tinuent à soumettre à l’approbation de cette haute assemblée les lois les plus importantes; ils lui demandent des juges pour les grands procès politiques; aucun avènement d’empereur, fùt-ce à la suite d’un complot ou d’une révolte militaire, qui ne réclame la sanction du sénat, au môme titre que le consentement du peuple et la bénédiction du patriarche. Presque toutes les grandes charges sont aux mains de familles sénatoriales ou donnent accès dans le sénat. Il est ce que les Russes du xviii6 siècle appelaient la généralité, c’est-à-dire la réunion des généraux et des chefs de service. Il est le centre de ralliement de l’aristocratie byzantine, car à Byzance il y avait une noblesse, noblesse administrative, il est vrai, mais dont les membres trouvaient dans les charges mêmes qu’ils tenaient de l’empereur, dans l’importance qu’il leur avait conférée, des moyens de lui résister. Ils savaient, comme nos vieux parlementaires français, présenter des remontrances, apporter une sage lenteur à l’exécution des ordres qu’ils désapprouvaient, opposer au torrent du caprice la force d’inertie, amener l’empereur à résipiscence, ou, lorsque sa tyrannie était tout à fait débridée, lui préparer dans l’ombre un successeur. En second lieu, il y avait un clergé, groupé autour du patriarche et du Saint-Synode, et qui, malgré sa sujétion, possédait une autorité immense. Il supportait, il tolérait beaucoup, mais sa condescendance avait des limites. A l’occasion, il se rencontrait des hommes comme Théodore le Confesseur, comme Théodore le Stigmatisé, comme le patriarche Nicolas, qui protesta contre les quatrièmes noces de Léon VI, comme le patriarche Polyeucte, qui blâma