EMPEREURS ET IMPÉRATRICES D’ORIENT 251 une primiceria, des cætonissæ (pour les salons, cœtones), des cubiculaires ou femmes de chambre (les odalisques de l’Orient musulman). Ces emplois étaient naturellement brigués par les plus nobles dames de l’empire. Revêtues des plus riches étoffes, tissus des fabriques anatoliennes ou péloponé-siennes, soieries des manufactures impériales, mousselines de Perse, pelisses de Khazarie et de Russie, parées de bijoux syriens ou byzantins, coiffées du majestueux propolôma, en forme de tour de ville, évasé comme le kakochnick russe, orné de perles, de pierreries et d’icones, elles formaient à l’Augusta un splendide cortège. Cette cour de femmes était tout à fait séparée de celle du Basileus, et sans doute plus animée, plus vivante, plus remplie d’intrigues, gazouillante et papotante comme un harem musulman ou comme le couvent du Domino noir. Là, parmi les eunuques à mine truculente, aux longues robes de soie, aux sabres nus, circulaient, dans la liberté intime du gynécée, le voile relevé, toutes les beautés de l’Orient : les yeux de gazelle de l’Asie et les yeux bleus du Nord, les Grecques élégantes de Byzance, de l’Attique, des îles, les barbares ou demi-civilisées des pays francs, slaves, turcs, arméniens, arabes, que des généraux grecs avaient amenées à leur suite. Seuls, les princes de la famille impériale, les hommes « sans barbe », le patriarche, de vieux prêtres, des mendiants, des pèlerins, des moines, avaient accès dans cet intérieur. C’était d’ailleurs le régime en vigueur dans toutes les maisons nobles, comme dans le palais même de l’empereur. Dans la rue, les femmes ne cheminaient qu’enfermées dans des litières. Si elles accom-