248 ÉTUDES SUR L’HISTOIRE BYZANTINE covie, à cheval, l’épée nue à la main, pour éloigner les malveillants et les méchants esprits. Le troisième jour, l’impératrice sort en grande pompe pour aller prendre le bain symbolique au palais de la Magnaure. La publicité donnée à cette démarche contraste môme avec l’idée grecque du gynécée et la rigoureuse pruderie de l’étiquette byzantine. C’est en grand appareil, avec une foule de serviteurs portant ostensiblement des peignoirs, des linges, des bassins, des vases et des cassolettes à parfums, que la Basilissa traverse les vergers de la Magnaure pour se rendre à la piscine. Trois dames, en avant et aux deux côtés de l’impératrice, tiennent des pommes rouges, ce symbole païen de l’amour, mais ornées de perles. Les factions font la haie, poussant des acclamations. Et, comme si cela ne suffisait pas pour ameuter la curiosité publique, des chanteurs et des comédiens se joignent au cortège1. Chose plus singulière, les consuls, les sénateurs, les hauts dignitaires accompagnent l’impératrice jusqu’à la porte du bain, attendent en dehors qu’elle ait terminé ses ébats, puis la ramènent jusqu’à la chambre nuptiale. Désormais, la nouvelle impératrice habite dans le palais les splendides appartements bâtis par l’empereur Théophile, aux dalles de marbre blanc, aux murailles de mosaïques sur fond d’or, aux plafonds d’or soutenus par des colonnettes. Sa chambre à coucher, c’était ce merveilleux Mousikos (l’Har-monie), dont le pavé, de marbres multicolores, semblait « une prairie émaillée de fleurs », dont les [1. Il faut observer toutefois que tout ceci se passe à l’intérieur du palais.]