MICHEL PSELLOS 155 tife, dont l'humeur altière contribua autant que l'orgueil des pontifes romains à la consommation du schisme, semble avoir voulu tenter en Orient la même entreprise que Grégoire VII en Occident*. Comme lui, il soulevait le conflit du sacerdoce et de l’empire, aspirait à fonder en face de la théocratie latine une sorte de théocratie grecque. Déjà cet empereur spirituel de l’Orient s’arrogeait, comme l’empereur temporel, le droit de porter les brodequins de pourpre. Comnène le traduisit devant un tribunal, et Psellos fut chargé de rédiger l’acte d’accusation, dans lequel il mêla avec une habileté perfide le crime d’hérésie chaldaïque à celui de lèse-majesté. Kérou-larios dédaigna de se défendre, mais l'humiliation brisa cette âme hautaine, durement trempée comme celles des grands papes d’Occident. Il mourut, et aussitôt un revirement d’opinion s’opéra en sa faveur. Isaac le pleura, ce qui, comme le fait observer Lebeau, « était plus aisé que de le souffrir ». Une légende se forma dans le peuple à propos de sa main qui, morte, semblait encore bénir. Son successeur Likhoudis adopta sa mémoire et institua une fête annuelle en son honneur. Psellos risquait d’être le bouc émissaire de l’expiation publique. Avec son habileté ordinaire, il fit volte-face, désavoua cette « œuvre indigne de lui, imposée à sa soumission et au seul souvenir de laquelle toute sa conscience se révoltait ». Dès le règne suivant, il prononça l’oraison funèbre « de ce saint prélat, de ce martyr de l’orthodoxie2 ». 1. Jules Zeller, Histoire d'Allemagne, t. III, l'Empire germanique et l't’glise. [Cf. le livre déjà cité de Bréhier.] 2. Sathas, Bibliotheca, t. IV, p. 303-387.