310 ÉTUDES SUR L’HISTOIRE BYZANTINE pays conquis. Le « Tueur de Bulgares » n’en avait pas moins assuré, pour cent soixante-sept ans, l’hégémonie de la race grecque dans la péninsule. Il ne survécut que trois années à l’accomplissement de sa mission. Mort en 1025, il eut une sorte d’histoire posthume. Par une coïncidence étrange, vers le même temps où la Bulgarie, grâce à l’anarchie introduite dans la péninsule par les conquérants français, sortait de son long assoupissement, son vainqueur, après deux cent cinquante ans de repos dans sa sépulture impériale, était chassé de son tombeau. En l’an 1260, au moment où les Grecs se préparaient à reprendre leur capitale sur le dernier empereur français, quelques-uns de leurs officiers, pénétrant dans une petite église de la banlieue, trouvèrent un squelette, appuyé debout à la muraille et dans un parfait état de conservation. Des soldats ou des pâtres facétieux avaient placé entre ses dents une flûte de berger. Près de là était une tombe brisée sur le marbre de laquelle on pouvait lire le nom du vainqueur des Bulgares. Les officiers grecs, émus d’une telle profanation, emportèrent le squelette dans des étoffes tissées d’or et de soie et allèrent l’ensevelir en grande pompe dans une des églises de Sélymbria. Dans l’intervalle qui s’était écoulé entre sa première inhumation dans l’église de Saint-Jean de l’Aebdomon et ses nouvelles obsèques en l’église de Sélymbria, l’ombre de Basile II aurait eu des raisons pour s’attrister dans la nuit du tombeau. Au début du xme siècle, un souverain des Bulgares semblait vouloir éclipser sa gloire exterminatrice et surenchérir sur ses sanglantes représailles. C’était le troisième et le plus