EMPEREURS ET IMPÉRATRICES d'ORIEN'T 241 choix; elle nous est connue par le mariage de Théophile, le fils de Michel le Bègue. Quand il eut succédé à son père, sa belle-mère Euphrosyne envoya des messagers dans toutes les provinces et fit venir au Palais-Sacré les plus belles filles de l’empire. Elle les réunit dans une des salles les plus magnifiques, le triclinium de la Perle, et, remettant à son beau-fils une pomme d’or, lui dit : « A celle qui te plaira le plus donne la pomme ». Il y avait parmi les concurrentes une vierge de noble famille, nommée Icasia. Le jeune empereur, étonné de sa beauté, s’approcha d’elle et, en manière de compliment, lui dit : « Les femmes ont causé beaucoup de maux ». — « Oui, mais elles sont la source de beaucoup de biens, » répondit vivement Icasia. Théophile fut choqué de cette promptitude de repartie. Soit qu’il fût encore un sot, soit que ses instincts de futur despote fussent déjà éveillés, tant d’esprit l’effraya, et, dit le chroniqueur, « déconcerté et blessé de ces paroles, » il laissa Icasia et donna la pomme à Théodora, fille d’un stratège de Paphlagonie. Icasia, qui avait touché de si près à la couronne, se retira dans un monastère qu’elle-même avait fondé. Elle y vécut en femme pieuse et en femme de lettres, à la mode de Byzance, composant des récits édifiants et des cantiques. Brunet de Presles, le savant helléniste, estimait que ce récit n’avait aucun fondement historique et qu’il n’y fallait voir qu’un échantillon du goût romanesque des chroniqueurs de cette époque. On peut n’être point de son avis : le fait est rapporté, avec les détails les plus précis, par plusieurs auteurs. On peut citer un second trait du même genre, qui ne se ÉTUDES SUR L’HISTOIRE BYZANTINE. 16