LES EXPLOITS DE DIGÉNIS AKItITAS 81 marécage pour dévorer la jeune fille; il extermine un dragon à trois têtes qui avait pris la forme d’un beau jeune homme pour lui faire violence; il détruit 300 apélates qui étaient venus pour l’enlever. Enfin apparaît sur la scène un personnage singulier, une reine de brigands, l’héroïne Máximo : elle descend, assure le poète, des Amazones qu’Alexandre le Grand avait amenées avec lui du pays des brahmanes. Elle veut traverser l’Euphrate pour attaquer Digénis : « C’est aux hommes à prévenir les femmes, » dit courtoisement le héros, et, passant le fleuve, il engage le combat. D’un coup de sabre, il décapite le coursier de l’Amazone; celle-ci roule à terre, elle demande la vie et sa revanche pour le lendemain. A la seconde rencontre, elle est encore vaincue. Alors elle déclare à Digénis qu’elle avait fait vœu de conserver sa virginité jusqu’au jour où elle aurait rencontré un homme plus vaillant qu’elle. Cet homme, c’est Digénis, elle veut lui appartenir par le droit de la guerre. Akritas invoque la sainteté du mariage, le souvenir de son épouse légitime « dont, ajoute-t-il avec peu de sincérité, il n’a jamais osé mépriser l’amour ». A la fin, le diable le poussant encore une fois, il se rend aux désirs de Máximo. Le huitième livre est consacré à la description du magnifique palais que le héros se fait bâtir au bord de l’Euphrate et aux splendeurs de sa vie princière. La terreur de son nom se répand au loin. Les Sarrasins n’osent approcher des frontières gardées par lui. Les apélates, domptés et disciplinés par sa volonté de fer, deviennent les plus fidèles défenseurs de la monarchie. Le grand empereur Nicéphore ÉTUDES SUR L’HISTOIRE BYZANTINE. 6