MICHEL PSELLOS 163 trois évêques, ne le dérobent à un effroyable supplice. Attaliote conclut en criant à Michel Doucas : « Tu n’as donc pas respecté le sein de ta mère, que les fils de cet homme ont partagé avec tes frères I Mais il est un œil terrible, éternel, qui voit tout, qui t’a vu et qui te prépare un destin digne de ta perversité11 » Devant ce soulèvement de l’honnêteté publique, Psellos sent qu’il faut justifier son prince et se justifier lui-même : « C’est à l’insu de l’empereur que l’ordre cruel fut donné.... Je n’écris pas cette histoire pour flatter : Dieu m’en est témoin, je ne dis que la pure vérité. L’empereur a versé plus de larmes quand il apprit l’événement que le patient lui-même n’a pu en verser sur son supplice. » Aux affirmations de ses mémoires vient se joindre le témoignage d’une lettre qu’il écrivit à Diogène lui-même peu de temps après l’exécution : 0 le plus généreux et le meilleur des hommes! je ne sais si je dois en toi plaindre le mortel infortuné ou exalter le glorieux martyr. Si je considère les malheurs qui t’ont frappé, dont le nombre et l'étendue confondent la pensée, je te rangerai parmi les plus infortunés des hommes; si je considère l'innocence de ton âme, toute portée vers le bien, je te mettrai au nombre des martyrs... (suit un développement philosophique sur la lumière terrestre dont Diogène est privé et la lumière éternelle à la gloire de laquelle il est réservé). Je te jure par tout ce qu’il y a de plus sacré, devant Dieu qui aime la vérité, que l’âme de l’empereur est innocente de ton infortune, innocente de ce qui s’est passé. C’est lorsqu’il se croyait assuré qu’il ne te serait fait aucun mal que tout cela est arrivé. Quand il l’a su, il a éprouvé une douleur cruelle; il a poussé de grands gémissements, il a *■ Michel Attaliote, édition de Bonn (Brunetde Presles), p. 103.