176 CRUCIFIÉS AU CARREFOUR avait un caractère mondial, qu’elle ne résultait pas des erreurs du régime personnel, et d’autre part, que la garantie d’un avenir meilleur se trouvait dans l’intégrité de la Yougoslavie sérieusement menacée par les ennemis extérieurs. Et lorsque cette idée mûrit dans les campagnes, la Yougoslavie passa « eo ipso » le point culminant de sa crise morale et économique : suivant son dicton : « ne te fie qu’à toi et à ton vieux cheval », la Yougoslavie s’est assainie et a renoncé, dans ses bases nationales, à la course vers la fausse grandeur, elles est retournée à sa pauvreté séculaire et s’est rapprochée de la terre nourricière, renouvelant ainsi, comme l’Antée mythologique, ses forces épuisées. Et lorsque le roi Alexandre, faisant appel aux instincts vitaux sains de la nation paysanne, déclara que la Yougoslavie n’avait pas l’intention de provoquer ni d’assaillir personne, mais qu’elle saurait, en cas de nécessité, défendre, les armes à la main, son existence, cette déclaration trouva un tel écho dans les masses paysannes qu’il fut entendu par tous ceux qui, depuis 1928, travaillaient, de l’extérieur, à saper l’intégrité du pays. On a compris en Italie fasciste et ailleurs qu’on ne pouvait pas détruire la Yougoslavie par une action subversive et par l’introduction des machines infernales, mais en risquant des millions de vies humaines dans une guerre à outrance qui amènerait inévitablement un nouveau conflit mondial, danger suprême pour la civilisation contemporaine. Cela compris, les enne-