162 CRUCIFIÉS AU CARREFOUR ment, il y a parmi les intellectuels et les hommes politiques de la bourgeoisie croate beaucoup de Troumbitch : ils crient sur les toits que les Serbes ont accaparé et qu’ils détiennent les places les plus importantes dans l’administration du pays (1); or, toutes les fois qu’un de ces braillards a occupé une place importante, il a échoué lamentablement, tout comme M. Troumbitch. D’ailleurs, il ne pouvait pas en être autrement. Pour la conduite des affaires d’un pays, il faut avoir non seulement de la capacité, mais surtout une grande expérience que jusqu’ici les Croates n’avaient pas. Lorsque le 6 janvier 1929 le roi Alexandre a aboli la constitution de Vidovdan et établi le régime autoritaire, M. Matchek, à en juger d’après certains signes, était disposé à donner (1) Il est vrai que les Croates ne sont pas proportionnellement représentés dans l’administration yougoslave. C’est là la conséquence de leur politique de résistance passive de 1918 à 1925. On objecte particulièrement que, parmi les généraux et les diplomates yougoslaves, l’élément croate est peu représenté; c’est encore vrai, mais, en Croate, j’estime qu’on ne peut confier ces fonctions de grande responsabilité qu’à des hommes ayant prouvé leur entier dévouement à l’intégrité de la Yougoslavie et à l’idée yougoslave. Or, entre ceux des Croates qui se plaignent le plus de l’insuffisante participation aux hauts postes dans l’armée et dans la diplomatie, il y en a beaucoup qui cherchent encore des alliés parmi les ennemis de la Yougoslavie ! Les Slovènes, catholiques commes les Croates, sont proportionnellement beaucoup plus nombreux dans l’administration yougoslave que les Serbes orthodoxes ! (Remarque de l’auteur).