8 CRUCIFIÉS AU CARREFOUR mais surtout Vouk Karadjitch, le fameux collecteur et propagandiste de la poésie populaire yougoslave. Malgré tous ces obstacles, la jeune bourgeoisie de Zagreb semblait vouloir persister et rester fidèle à l’idée illyrienne, si l’Autriche ne s’en était mêlée et n’y avait opposé son veto : comme déjà à cette époque le nationalisme hongrois impérialiste et mégalomane ne voulait à aucun prix de l’unité des Yougoslaves, la Vienne des Habsbourg, pour satisfaire la puissante gentry hongroise, interdit l’usage du nom illyrien, c’est-à-dire qu’elle coupa court à l’action pour l’unité yougoslave qui se poursuivait sous ce nom. Lorsqu’en 1848 la Vienne impériale entra en conflit avec les Hongrois, Zagreb, sans perdre un instant, manifesta de nouveau sa volonté de grouper autour d’elle tous les Yougoslaves, mais cette fois, au heu du nom illyrien, elle donna à ce mouvement le nom « yougoslave ». Déjà, le Ban Yélatchitch, capitaine des Yougoslaves dans la guerre contre les Hongrois (en 1848-1849), a fait frapper sa propre monnaie portant le nom « jugoslavjanski » (yougoslave); après la période de l’absolutisme autrichien de Bach (1850-1860), le promoteur bien connu de la bourgeoisie de Zagreb, l’évêque Strossmayer, soutenu par les efforts intelligents de l’historien François Batchki, a élaboré l’idéologie nationale yougoslave et, plus encore, a pris contact avec Belgrade et Cetti-gné, afin de jeter les bases de sa réalisation pratique. Evidemment, ni Strossmayer ni « son spiritus rector » F. Ratchki ne conce-