LE DANGER DES JANISSAIRES MODERNES 83 inaugura la politique de la révision des traités et grâce à cela, sans grands efforts ni concessions, réussit à gagner à sa cause la Hongrie et la Bulgarie, qui ont engagé toute leur existence sur la carte du révisionnisme, ainsi que les Autrichiens cléricaux et monarchistes qui ont réussi à conserver dans la république autrichienne une situation politique dominante et qui espèrent que la révision des traités amènera la restauration de la puissance des Habsbourg sur les pays danubiens. Jusqu’à la fin de 1928, la Yougoslavie a été de cinq côtés (Italie, Albanie, Bulgarie, Hongrie, Autriche) mon pas cernée, mais devint, comme a dit le publiciste M. Boubaud, une « forteresse assiégée », une forteresse qui, si elle tombait, devrait s’attendre à être détruite. Ce qui était le plus grave, c’est qu’à l’intérieur de cette forteresse si menacée régnait, depuis le début du siège, le plus grand désarroi parmi les défenseurs. Il ne faut donc point s’étonner si l’on y a établi une unité du commandement, unité sans laquelle il est impossible de gagner des batailles, sans laquelle les alliés en 1918 n’auraient pas obtenu la victoire. Au xive et xve siècles, l’Europe féodale et surtout sa partie centrale et orientale se trouvait devant la terrible menace du militarisme turc. A la puissante organisation militaire fondée sur le système des janissaires, le dernier empereur de Byzance a opposé une armée peu nombreuse de mercenaires génois, tandis que 500.000 habitants de Constantinople