218 CRUCIFIÉS AU CARREFOUR garde de nos amis et nous nous protégerons nous-mêmes de nos ennemis ! » D’ailleurs, rien ne doit porter au pessimisme en ce qui concerne l’avenir de la Yougoslavie et de son régime autoritaire. Les lignes qui précèdent n’ont pas été inspirées par l’inquiétude : leur unique intention a été de montrer qu’une partie des démocraties occidentales pousse la Yougoslavie vers un gouffre dont elles ne s’efforcent pas d’examiner le fond. Cependant, la Yougoslavie ne veut pas, pour faire plaisir à qui que ce soit, se jeter dans cet abîme. Avec ses forces neuves, ou si l’on préfère avec sa vitalité barbare, elle lutte contre ses faiblesses momentanées, pour une guérison complète et une vie forte. Dans ce but, elle s’est rangée volontairement autour de son roi qui, à l’heure actuelle, est aussi nécessaire à la Yougoslavie que le pain quotidien. Car il n’est pas seulement le chef de l’Etat. Il est en même temps l’homme d’Etat yougoslave le plus clairvoyant, le guide spirituel de son peuple, un guide qui s’élève moralement et intellectuelle^ ment bien au-dessus du milieu yougoslave, surtout au-dessus de ses pauvres médiocrités qui s’imaginent augmenter leur influence politique en l’insultant grossièrement. Il n’y a rien de plus positif qui pourrait, dans les conditions présentes, remplacer le régime autoritaire en Yougoslavie. C’est pourquoi il doit rester jusqu’à ce qu’il ait accompli entièrement sa mission historique, et les démocraties ne devraient pas lui créer des dif-