UNE OU DEUX TÊTES ? 17 ! étaient prêts à se faire, l’un à l’autre, tout le u mal possible. Cet état de choses était une véritable aubaine pour les impérialismes étrangers, surtout pour l’impérialisme hongrois. Tant que l’Autriche n’avait pas rompu avec tout bon sens, elle tolérait le mouvement unitaire yougoslave, car elle y voyait, avec raison, le meilleur instrument pour son expansion dans les Balkans. Mais plus tard, lorsqu’elle se f transforma en Monarchie dualiste — ce qui permit aux Hongrois d’imposer leurs directives à la politique austro-hongroise extérieure aussi bien qu’intérieure — alors l’Autriche-Hongrie pratiqua contre les Yougoslaves la politique de « divide ut imperes». Cela n’a rien d’étonnant puisque c’étaient précisément les Yougoslaves qui formaient le principal obstacle à la réalisation de l’empire hongrois « des Carpathes à la mer Adriatique ». Et les Hongrois se mirent avec ardeur à creuser toujours davantage le fossé qui séparait les absurdes nationalismes croate et serbe. Pour y arriver, ils encourageaient et renforçaient en même temps l’un et l’autre. Le représentant de la politique hongroise qui occupait le siège de Ban (gouverneur) de Croatie à Zagreb, le Comte Khuen Hédérvary, fonctionnaire intelligent et cynique, excitait avec adresse la passion furieuse des partisans de la Grande Croatie et les ameutait contre les Serbes; d’autre part, il encourageait les Serbes à la résistance et leur prêtait son appui. Par l’intermédiaire de ses séïdes, il a patiemment soutenu les ef-