l’œuvre DU RÉGIME AUTORITAIRE 117 lait prendre lui-même en mains la conduite de la crise yougoslave; lorsqu’il ajouta que pour tous les actes du nouveau régime il entendait prendre la responsabilité entière, le peuple yougoslave, à l’exception de quelques politiciens intéressés, applaudit à cette attitude courageuse. Les paroles franches et loyales du roi trouvèrent un tel écho dans l’âme du peuple qu’il était prêt à marcher derrière le roi, partout où il voudrait le conduire, même vers une autocratie despotique et brutale. Il s’est trouvé des gens pour souhaiter que le roi, à l’instar de Pierre le Grand de Russie, posât en Yougoslavie les bases d’une aussi profonde réforme. L’accomplissement d’une pareille réforme ne peut se concevoir sans un caractère violent et des méthodes brutales. Or, le roi Alexandre est la négation même de la violence et de la brutalité, et c’est pourquoi il a renoncé à la «Grande Réforme». Il s’est contenté de faire une réforme partielle qui n’est même pas allée jusqu’à imposer un même alphabet pour tout le pays — on sait que les Serbes se servent de lettres cyrilliques et les Croates des lettres latines — ce qui constitue une des conditions fondamentales de la pleine et définitive unification spirituelle des Serbes et des Croates. Au lieu d’amener le peuple yougoslave à une vie nouvelle par des moyens brutaux et autocratiques, le roi Alexandre a préféré conduire son peuple vers ce but lentement, par étapes, en employant des méthodes psycholo- 8