118 CRUCIFIÉS AU CARREFOUR giques. S’il s’est décidé pour cette manière, ce n’est nullement parce que le courage et la volonté lui manquent; c’est parce qu’il sait parfaitement qu’on ne fait rien de solide ni de durable en se servant de la violence. Lorsque le roi Alexandre a nommé comme chef du Gouvernement le commandant de la garde royale, le général Pierre Jivkovitch, tout le monde a pensé, à l’étranger comme en Yougoslavie, qu’une lourde botte militaire allait s’appesantir sur la Yougoslavie, l’écraser et de ses éperons lui taillader la peau jusqu’au sang. Or, on vit de suite qu’on s’était trompé. Ce fut une surprise générale et des plus agréables. A la tête du gouvernement, le général Jivkovitch a donné un exemple, rare dans l’histoire, de subordination complète à son chef suprême, d’abnégation personnelle parfaite et de fidélité aux buts et aux méthodes que le roi Alexandre avait tracés dans son manifeste en inaugurant le régime autoritaire. Au lieu de brandir son sabre au-dessus des têtes des Yougoslaves, au lieu de faire régner la terreur, le général Jivkovitch s’employa à réaliser fidèlement le programme que le roi avait formulé en proclamant : « les errements du passé doivent être définitivement oubliés, et bienvenu soit celui qui veut collaborer loyalement pour assurer une vie nouvelle et meilleure à la nation yougoslave». Comme on le voit, le roi Alexandre a donné, dès le début, au régime autoritaire un caractère d’humanité et un esprit de conciliation, une directive, la seule positive, du groupe-