42 CRUCIFIÉS AU CARREFOUR sans importance que disparut prématurément de la scène politique croate Frano Soupilo, seul homme politique qui, grâce à son activité prodigieuse, sa puissance de suggestion et son grand prestige, eut pu, du côté croate, tenir en échec Stéphane Raditch et, du côté serbe, empêcher les excès de Svétozar Pribitchévitch. Soupilo fut emporté par la maladie en 1917. D’autre part, il faut insister sur l’impor- > tance du fait que, sous l’influence de féodaux indigènes et étrangers, les intellectuels croates, élevés dans le respect d’un faux aristocratisme, se sont éloignés des paysans croates. C’est pourquoi les paysans croates en masse rejoignirent Stéphane Raditch, le premier intellectuel qui les a approchés en se servant de nombreux moyens démagogiques mais aussi avec un sentiment sincère pour leur misère et les difficultés de leur condition. Toutefois, ce qui a joué le rôle le plus décisif dans l’orientation politique des Croates, c’est que Belgrade avait laissé Zagreb et tous les Croates à la merci de son « expert pour la Croatie», M. Pribitchévitch, qui put les écraser et les pétrir comme il lui plut. Durant cinq années entières, Pribitchévitch s’est déchaîné sur la Croatie comme un maître absolu non seulement en prêchant une politique de « rouleau compresseur de l’Etat qui écrasera tout ce qui se trouvera sur son chemin », mais en la pratiquant lui-même et de la manière la plus brutale. Dans ce but, il a établi en Croatie, de 1920 à 1925, un régime de dictature personnelle. Il a « épuré » toute l’administration et