182 CRUCIFIÉS AU CARREFOUR moins, les paysans y se nourrissent de racines, de différentes plantes et de feuilles. S’il voyait cela, il acquierrait, très probablement, la conviction qu’il existe, dans ce pays, des problèmes qui sont tout de même plus importants que celui du centralisme ou du fédéralisme, que celui de la démocratie ou de l’autocratie et même que la question des rapports serbo-croates. La vie de l’humanité entière est contenue dans la formule « panem et circenses:». Les arts et les sciences, même la philosophie et la religion, ne sont-elles pas des « circenses » auxquelles s’applique et tend, irrésistiblement et instinctivement, l’esprit humain ? Dante avait raison de dire : « l’animo vince ogni bat-taglia » ; cela néanmoins, le besoin qui prime tout, c’est le pain, et lorsque le pain manque, le besoin de distractions languit, ou bien les distractions dégénèrent. La question du pain est de la plus grande actualité en Yougoslavie. Si elle était seule dans le monde à être préoccupée de ce problème, cela irait encore. Mais c’est aujourd’hui le problème le plus actuel de centaines de millions d’hommes, de la plus grande partie de la race humaine. Le mal dont souffre la Yougoslavie a un caractère universel, et c’est cette crise économique mondiale avec tous ses symptômes qui, comme une fièvre, la secoue à l’heure actuelle. Bien que cette crise ait, chez nous, certaines causes particulières, elle n’a tout de même pas un caractère spécifique yougoslave : elle est, avant tout, le re-