« VAE VICTIS » 41 abaissait Zagreb au rang d’une ville de province quelconque, en ne lui accordant que d’être le chef-lieu d’un département fictivement autonome. Le centralisme rigide (1) et l’unification maladroitement appliquée par Belgrade ont provoqué la mobilisation de toutes les forces défensives des Croates. Que ces forces étaient très grandes, Belgrade ne le savait point. Il était facile de venir à bout de Zagreb en 1918 lorsqu’elle menait l’offensive contre Belgrade. Tâche facile parce qüe dans cette offensive Zagreb était en réalité abandonnée par la majorité des Croates et aussi parce que jamais, au cours de leur histoire, les Croates n’ont brillé par leur esprit offensif. Mais lorsqu’il s’est agi de défendre Zagreb contre l’humiliation inouïe que lui infligea la Constitution de Vidovdan, alors tous les Croates se sont identifiés avec Zagreb, comme jamais jusqu’alors, et ont déployé leurs considérables forces défensives qui les caractérisent depuis toujours. Et alors s’est produite cette chose extraordinaire, ce miracle : tous les Croates se serrant, non seulement autour de Zagreb, mais autour d’un seul homme, Stéphane Raditch, pour saboter l’Etat par leur résistance passive. La puissance politique de Raditch était faite d’éléments divers. D’abord il n’était pas (1) Le penchant pour le centralisme s’est formé à Belgrade et en Serbie sous l’influence incontestable de l’esprit et de l’exemple français.