UNE OU DEUX TÊTES ? 9 vaient l’unité yougoslave autrement que sous l’égide de Zagreb. Mais c’est alors que Belgrade s’opposa directement au plan de Zagreb. Durant des siècles, Belgrade, tout comme Zagreb, a été tout autre qu’une ville véritablement yougoslave. Citadelle avancée des conquérants étrangers (d’abord des Romains, puis de Byzance, des Bulgares, des Hongrois et enfin des Turcs et des Autrichiens), Belgrade a, seulement dans la seconde moitié du xix6 siècle, cessé d’être le domaine de toutes les races dans lesquelles se recrutait la bourgeoisie primitive de l’Empire ottoman (Turcs, Grecs, Tsintsars, Arméniens). Après la conquête de l’indépendance nationale, une fois devenue d’abord le centre d’un Etat de paysans, et ensuite celui de sa bourgeoisie nationale, Belgrade a tourné le dos à l’esprit étranger beaucoup plus résolument que Zagreb. Depuis lors jusqu’à nos jours, la différence fondamentale entre Zagreb et Belgrade est qu’à Belgrade l’esprit national domine constamment et sans contestation possible tandis qu’à Zagreb il reste sioumis à l’influence prépondérante des étrangers. Et lorsque Zagreb, représentée par Strossmayer, posa de nouveau le problème de l’unité yougoslave, Belgrade ayant à sa tête le Prince Michel Obrénovitch et son Ministre Garachanine accepta la forme et le fond de l’idée yougoslave, avec un correctif fondamental toutefois : le centre vers lequel convergerait les Yougoslaves ne devait pas être Zagreb mais Belgrade. Car, disaient-ils, Zagreb se trouvait dans le cadre d’un Etat