CONCLUSIONS 191 raient tout de même, dans la vie de l’Europe Sud-Est, un facteur plus important que les Croates. Supposant même que l’ordre social actuel soit profondément bouleversé et que le bolchevisme vienne à régner, on peut affirmer, sans crainte de se tromper, que, dans la nouvelle société socialiste, les Serbes joueraient un rôle plus important que les Croates. C’est un fait que les Croates doivent regarder en face et qui ne peut être modifié par des chicanes stériles. Même la contestation de ce fait représente, du point de vue croate, comme du point de vue yougoslave, un gaspillage inutile des énergies qu’on pourrait utiliser d’une façon beaucoup plus rationnelle (1). En tant que processus historique, le problème des rapports serbo-croates a, en somme déjà été résolu en 1918, mais il n’est pas entièrement consommé au point de vue spirituel. Il semble que ce soit un phénomène tout à fait normal : l’unité territoriale de l’Italie et de l’Allemagne a été réalisée de 1848 à 1870 et c’est seulement de nos jours que Mussolini (1) Ces constatations ne veulent pas dire que je sois partisan d’un hégémonisme serbe. L’unitarisme yougoslave que je professe ne donne à la Serbie qu’une position semblable à celle du Piémont en Italie, tandis que les fédéralistes croates, luttant pour que la Croatie prenne une position correspondant à celle de la Bavière en Allemagne, admettent que la Serbie joue en Yougoslavie le rôle hégémo-niste de la Prusse. (Bemarque de l.autêur.)